Albert Camus
« Ce qui m'intéresse, c'est d'être un homme. »  Albert Camus, La Peste
Albert Camus

Sommaire:


Un jeune homme pauvre.
L'entrée en littérature.
L'élaboration d'une philosophie.
De la révolte au prix Nobel.
Polémiques et crise morale.
La consécration.
Une oeuvre multiple.
Ardeur de vivre et absurde.
Révolte et humanisme.
Un style au service de l'idée.
L'Étranger.
Camus sur l'existentialisme.

Sa vie (1913-1960)
Albert Camus est né le 7 Novembre 1913 en Algérie d'un père d'origine alsacienne et d'une mère d'origine espagnole. La famille est de condition modeste. Il est le deuxième enfant du couple: il a un frère, Lucien, plus âgé de 4 ans.

Son père est mobilisé en septembre 1914. Blessé à la bataille de la Marne, il meurt à Saint-Brieuc le 17 octobre 1914. Camus n'a donc pas connu son père.

Dès la mobilisation de son mari, Catherine et ses deux enfants vont s'installer chez sa mère à Alger, dans le quartier populaire de Belcourt. Albert et Lucien seront plus éduqués par leur grand-mère, une maîtresse femme, que par leur mère qui abdique toute responsabilité en raison de sa quasi-surdité et d'une difficulté à parler.

A l'école, son instituteur, Louis Germain, le pousse à passer le concours des bourses: il pourra ainsi poursuivre ses études au lycée et à l'université. Il lui garde une telle reconnaissance qu'il lui écrira en 1957 lorsqu'il recevra le Prix Nobel de Littérature.

Journaliste, écrivain, passionné de théâtre, il marque la vie culturelle française de 1936 à 1960.

Comme tous les Français d'Algérie, il est traumatisé par la guerre d'Algérie dont il ne verra pas le dénouement tragique. Le 4 Janvier 1960, il trouve la mort dans un accident de voiture. 
« Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine. » Albert Camus, L'Etranger

"Je pense à Camus : j'ai à peine connu Camus. Je lui ai parlé une fois, deux fois. Pourtant, sa mort laisse en moi un vide énorme. Nous avions tellement besoin de ce juste. Il était, tout naturellement, dans la vérité. Il ne se laissait pas prendre par le courant; il n'était pas une girouette; il pouvait être un point de repère." -- Eugène Ionesco, Notes et Contre-Notes Gallimard, 1962 

Albert Camus est né en 1913, à Mondovi, en Algérie. Son père, simple ouvrier agricole, meurt en 1914, lors de la Bataille de la Marne. C’est à Alger, dans le quartier populaire de Belcourt, qu’Albert Camus passe son enfance et son adolescence, sous le double signe, qu’il n’oubliera jamais, de la pauvreté et de l’éclat du soleil méditerranéen. Boursier au lycée Bugeaud, Camus va découvrir la philosophie grâce à son professeur Jean Grenier, qui deviendra son maître et son ami. Après le bac, il commence des études de philosophie qui le mèneront, malgré la maladie, jusqu'à la licence. Il fonde le théâtre du travail et écrit avec trois amis, sa première pièce la Révolte dans les Asturies qui sera interdite ( mais éditée à Alger, en 1936).

Journaliste au quotidien du Parti Communiste et à Alger-Républicain (1938) , il se marie en 1940 et milite pendant la seconde guerre mondiale dans un mouvement de résistance.

En 1942, Gallimard accepte de publier l'Etranger et le Mythe de Sisyphe. En lisant le manuscrit de l'Etranger, Jean Paulhan et les membres du comité de lecture de Gallimard ont pressenti la naissance d'un grand écrivain. Avec l'Etranger, Albert Camus accède à la célébrité. La critique salue en Meusault , personnage central de l'Etranger, un "héros de notre temps".

En 1943, Camus rencontre Sartre. Puis il travaille comme journaliste à Combat qui est diffusé clandestinement et devient lecteur chez Gallimard. Il refuse l'étiquette d'existentialiste qu'on lui prête. En 1951, il défend dans un nouvel essai, L'Homme révolté, une conception très personnelle de la lutte sociale et politique. Lorsque surviennent les événements d'Algérie , Albert Camus hésite entre l'attachement à sa terre natale et la légitimité des revendications algériennes : il s'enferme dans le silence.

En 1956, il publie la Chute, œuvre pessimiste et déroutante. Le ton y est amer et révèle un scepticisme ironique.

Prix Nobel l'année suivante, à 44 ans , il devient un modèle pour toute une génération qui admire cet humaniste conciliant la pensée sans complaisance et l'action généreuse.

Albert Camus est mort en 1960, sur une route de l'Yonne, dans un accident de voiture, aux côtés de son ami Michel Gallimard, neveu de Gaston Gallimard. Ce 4 janvier 1960, à 13H55, la voiture dans laquelle il se trouvait, s'est écrasée contre un arbre. On retrouva dans le véhicule le manuscrit inachevé du Premier Homme, un récit autobiographique sur lequel il travaillait.


-- Virginie Delisle

 
http://mper.chez.tiscali.fr/auteurs/Camus.html

Romancier, dramaturge, essayiste, journaliste et résistant, Albert Camus est peut-être par excellence la figure de l'écrivain et de l'intellectuel français d'après-guerre. Profondément engagé dans les luttes et les débats de son temps, il continue, malgré les malentendus que sa renommée même a valus à son œuvre lucide et sincère, de jouer un rôle majeur dans la littérature du XXe siècle.

Le souvenir d'une jeunesse misérable semble avoir définitivement orienté une sensibilité que les honneurs n'ont pas détournée: en 1957, à Stockholm, face aux têtes couronnées, le nouveau prix Nobel de littérature rendra, à la tribune, hommage à son instituteur.
Un jeune homme pauvre
Albert Camus est né à Mondovi en 1913, dans une famille plus que modeste. Survient la Première Guerre mondiale; son père, ouvrier agricole, est tué au front; sa mère s'installe à Alger, dans un modeste logement, et vit de ménages et de menus travaux. Camus dira plus tard comme cette expérience de la pauvreté fut sa véritable école. Son oncle, un boucher amateur de livres, lui donne le goût de la lecture. Mais le jeune homme préfère encore consacrer son temps à l'amitié, aux baignades et au football. Encouragé par son instituteur, il bénéficie d'une bourse qui lui permet de poursuivre ses études au lycée puis à l'université d'Alger, où il obtient son diplôme de philosophie. Mais de santé fragile et craignant la routine, il renonce à enseigner.
L'entrée en littérature
De 1934 datent son premier mariage, qui ne durera que deux ans, et son adhésion au parti communiste, qu'il quittera trois ans plus tard. S'il se cherche dans la vie, il se trouve dans la littérature. L'Envers et l'Endroit (1937), son premier essai, contient déjà les thèmes majeurs de son œuvre: le soleil, la solitude, l'absurde destin des hommes. En 1938, Noces confirme ses dons d'écrivain et la nature d'une sensibilité à qui la méditation ne peut suffire. Le jeune auteur parvient à concilier son goût pour l'écriture, pour la réflexion et pour l'action en étant journaliste à Alger républicain et animateur d'une troupe de théâtre.

La guerre vient alors modifier le cours des choses. La censure entraîne la disparition du journal auquel il travaillait, et Camus est écarté de l'armée pour raison de santé.
L'élaboration d'une philosophie
Il se remarie et quitte l'Algérie pour la métropole. À Paris, il rejoint la Résistance dans le réseau «Combat», pour des missions de renseignement et de journalisme clandestin. Surtout, il travaille déjà à ce qu'on peut nommer le «cycle de l'absurde». De 1940 à 1945, en trois œuvres majeures, une philosophie s'élabore. Meursault, dans l'Étranger, tue un Arabe presque par hasard et éprouve dans sa cellule l'indifférence du monde. Au théâtre, c'est Caligula, incarné par Gérard Philipe, qui entend pousser l'absurdité des choses jusqu'à susciter la révolte. Le Mythe de Sisyphe aborde les mêmes questions de façon théorique: faute d'un sens à la vie, l'homme peut en dépasser l'absurdité par la «révolte tenace» contre sa condition.

Ces ouvrages sont à l'origine de ses premiers succès mais aussi des premières critiques et des premiers malentendus. Présenté par la presse comme un philosophe désespéré, il est associé à Jean-Paul Sartre et au courant existentialiste, ce dont il se défend, vainement. Quoi qu'il en soit, il fait maintenant partie de ce qu'on appelle l'«intelligentsia française». Les éditions Gallimard l'accueillent dans leur comité de lecture.
De la révolte au prix Nobel
Rédacteur en chef du journal Combat à la Libération, Camus prend désormais position sur les grands débats qui secouent le monde: la bombe atomique, les révoltes coloniales, la peine de mort... Il voyage en Algérie, en Amérique et s'émeut partout de la misère des hommes.

Dès 1947, il a entrepris un nouveau cycle sur la révolte avec un roman, la Peste, où les hommes sont confrontés au symbole d'un mal insurmontable. Les terroristes russes mis en scène dans les Justes s'interrogent eux aussi sur le sens de leurs actes à la fois meurtriers et justiciers.
Polémiques et crise morale
Son essai l'Homme révolté provoque une longue et violente controverse: des journalistes l'attaquent, des partis politiques, des écrivains aussi, comme Jean-Paul Sartre ou André Breton, qui lui reprochent des tendances «bourgeoises». Camus se défend, s'explique, répond. La polémique dure un an et finit par le décourager, tandis que sa santé se dégrade. Il se détourne pour un temps du genre romanesque et se consacre à des adaptations dramatiques d'auteurs étrangers: Dostoïevski, Calderón, Buzzati, Faulkner. Il continue par ailleurs d'intervenir en faveur des victimes, de s'élever contre les bourreaux. Ce retour sur soi n'est ni un retrait ni un renoncement. Du reste, la crise qu'il traverse trouve bientôt son expression littéraire et, en 1956, il publie la Chute, un récit qui marque un renouvellement de sa manière: à Amsterdam, loin du ciel méditerranéen, un ancien avocat confesse sa mauvaise conscience et sa culpabilité en un monologue plein d'ironie et de sarcasmes. Un recueil de nouvelles paraît l'année suivante, l'Exil et le Royaume, où s'expriment plus de doutes que de certitudes.
La consécration
Comme Jonas, le peintre d'un de ses textes, enfermé dans une cage pour échapper aux visiteurs, Camus se sent prisonnier de son public, que celui-ci l'admire ou le conteste. Si la célébrité lui pèse, elle va pourtant atteindre son sommet. En 1957, le prix Nobel de littérature lui est décerné. À quarante-trois ans, il est le plus jeune écrivain jamais distingué à Stockholm. Cette consécration internationale peut augmenter sa fatigue, elle n'entame pas son énergie: il met bientôt en chantier un nouveau roman, le Premier Homme, resté inachevé (et publié, bien après sa mort, en 1994), dont on a pu dire qu'il aurait inauguré un «cycle de l'amour».

Le 4 janvier 1960, Camus rentre à Paris avec son éditeur. Près de Villeblevin, dans l'Yonne, la voiture percute un arbre. Mort absurde, qui donne pourtant à l'œuvre son unité. Les Carnets qu'il a laissés témoignent de l'effort constant d'une vie vers la lucidité et l'authenticité.

Peut-on présumer de la place qu'occupe, qu'occupera Camus dans l'histoire littéraire? La littérature à thèse suscitant aujourd'hui moins d'intérêt, Camus pourrait apparaître d'abord comme l'héritier de Montaigne et des moralistes classiques grâce à des essais littéraires qui retiennent moins par la solidité d'un système que par la force d'un style au service d'un esprit libre et sincère.
Une oeuvre multiple
Comme bien des écrivains de sa génération, Camus a voulu pratiquer tous les genres littéraires qui pouvaient contribuer à l'expression de ses idées ou de ses doutes. Aussi est-il plus juste d'articuler ses œuvres autour des thèmes qu'elles abordent plutôt qu'en fonction du genre dont elles relèvent: le roman, le théâtre et l'essai. Il a lui-même désigné les deux grands cycles de sa maturité: l'absurde et la révolte. Mais on ne peut négliger ni les essais de jeunesse ni les derniers récits, qui annonçaient sans doute une nouvelle manière, prématurément interrompue.
Ardeur de vivre et absurde
Du vivant de Camus, les polémiques ont pu faire croire à des revirements successifs. Avec la distance du temps, c'est surtout la cohérence d'un parcours et d'une œuvre qui s'impose. Les thèmes des premiers essais traversent toute l'œuvre: l'ardeur de vivre, la passion méditerranéenne du soleil et de la mer. C'est sur une plage ensoleillée que Meursault commet son crime, et les rescapés de la peste retrouvent le goût de vivre lors d'une baignade en mer. La «pensée de midi» par laquelle s'achève l'Homme révolté est aussi celle des Noces et de l'Été: lucide, solaire, ardente. Mais «tout ce qui exalte la vie accroît en même temps son absurdité».
À dire vrai, ce n'est pas le monde qui est absurde, mais le sens que l'homme y cherche, sans le trouver. Sur cette mécanique aveugle et privée de signification se fonde un divorce. Comme Meursault, comme Sisyphe, nous sommes condamnés à pousser sans fin un rocher devant nous. La vie vaut-elle alors d'être vécue? Oui, car l'homme, dans son inutile effort, est plus grand que son destin puisqu'il peut se révolter contre lui. Telle est sa liberté. «Il faut imaginer Sisyphe heureux.»
Révolte et humanisme
L'homme n'existe donc que par sa révolte, qui peut prendre mille formes: philosophique, historique, politique, poétique... Mais, entre l'esclavage consenti et la violence révolutionnaire, la création est la vraie liberté, le plus humble et le plus fier effort humain. C'est ce que mettent en pratique les personnages de la Peste. Pourtant, au milieu du XXe siècle, le monde reste convulsif, l'individu inquiet. Camus a le sentiment de n'avoir pu construire une vraie sagesse, et de n'avoir abouti qu'à une mauvaise conscience. Les derniers récits, désenchantés, témoignent d'un échec, d'un pessimisme tenace. Ce qui reste de cette remise en cause, c'est la vérité, la noblesse de l'homme, «la vie joyeuse et déchirée» célébrée dans le Discours de Suède.

C'est pourquoi le mot «existentialiste» définit moins Camus que celui d'«humaniste». Qu'importe si les questions ne trouvent pas de réponses? L'humanisme peut s'accomplir dans l'inquiétude, fixer sur elle sa conscience, sa mesure et ses limites. La générosité et la vertu ont-elles besoin d'espérance? Faute de sainteté, d'héroïsme et de sagesse, il convient avant tout d'être un juste. Nul doute que Camus l'ait été.
Un style au service de l'idée
Les idées ne sont rien sans leur expression. Et l'œuvre de Camus est celle d'un écrivain, non d'un philosophe. Il l'a dit lui-même sans dissiper cet autre malentendu. De même qu'il n'a pas voulu se cantonner à un genre, il s'est gardé de limiter son style à un seul registre. «J'ai adapté la forme au sujet, voilà tout.» En effet, selon le sujet ou le personnage, l'écriture change: neutre pour Meursault dans l'Étranger; rigoureuse, objective et pourtant passionnée pour la chronique de la Peste; ironique pour Clamence dans la Chute. Si les articles usent d'une prose impeccable et vibrante, où le mot va droit à l'idée, sans effets ni sécheresse, c'est peut-être dans les essais littéraires que s'affirme surtout la maîtrise d'un langage personnel. Mieux que des arguments, les images, les rythmes composent une méditation lumineuse, un hymne à la beauté et à l'ardeur. Parallèlement, alors qu'il revient dans l'Été au lyrisme magique des Noces, Camus, dans les derniers récits, devient moraliste et poète. Le ton de la confidence remplace celui des discours. «Les styles, disait-il, ne sont pour moi qu'un moyen.»
© Encyclopédie Hachette Multimédia 1998

L'Etranger Roman - 1942
Voici ce qu'en écrit Camus en 1955 dans la préface à l'édition américaine: "J'ai résumé l'Etranger, il y a très longtemps, par une phrase dont je reconnais qu'elle est très paradoxale: Dans notre société, tout homme qui ne pleure pas à l'enterrement de sa mère risque d'être condamné à mort. Je voulais dire seulement que le héros du livre est condamné parce qu'il ne joue pas le jeu. En ce sens, il est étranger à la société où il vit, il erre, en marge, dans les faubourgs de la vie privée, solitaire, sensuelle. Et c'est pourquoi des lecteurs ont été tentés de le considérer comme une épave. On aura cependant une idée plus exacte du personnage, plus conforme en tout cas aux intentions de son auteur, si l'on se demande en quoi Meursault ne joue pas le jeu. La réponse est simple, il refuse de mentir. Mentir, ce n'est pas seulement dire ce qui n'est pas. C'est aussi, c'est surtout dire plus que ce qui est et, en ce qui concerne le coeur humain, dire plus qu'on ne sent. C'est ce que nous faisons tous, tous les jours, pour simplifier la vie. Meursault, contrairement aux apparences, ne veut pas simplifier la vie. Il dit ce qu'il est, il refuse de masquer ses sentiments et aussitôt la société se sent menacée. On lui demande par exemple de dire qu'il regrette son crime, selon la formule consacrée. Il répond qu'il éprouve à cet égard plus d'ennui que de regret véritable. Et cette nuance le condamne.

Meursault pour moi n'est donc pas une épave, mais un homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d'ombre. Loin d'être privé de toute sensibilité, une passion profonde, parce que tenace, l'anime, la passion de l'absolu et de la vérité. Il s'agit d'une vérité encore négative, la vérité d'être et de sentir, mais sans laquelle nulle conquête sur soi ne sera jamais possible. On ne se tromperait donc pas beaucoup en lisant dans l'Etranger l'histoire d'un homme qui, sans aucune attitude héroïque, accepte de mourir pour la vérité." 
"Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur" Albert Camus, l'Etranger
Résumé de l'Étranger
Le narrateur, Meursault, employé de bureau à Alger, apprend que sa mère est morte, dans un asile. Il va l'enterrer sans larmes, et sous un soleil de plomb qui ne fait qu'augmenter son envie d'en finir avec la cérémonie. De retour à Alger, il va se baigner et retrouve une ancienne collègue, Marie. Ils vont voir un film comique au cinéma, et elle devient sa maîtresse. Un soir, Meursault croise Salamano, un voisin, et est invité par Raymond, un autre voisin de palier. Ce dernier, ancien boxeur, lui raconte sa bagarre avec le frère de sa maîtresse, et lui demande d'écrire une lettre qui servira sa vengeance. Quelques jours plus tard, Raymond se bat avec sa maîtresse et la police intervient. Meursault accepte de l'accompagner au commissariat.

Invité par Raymond à passer un dimanche au bord de la mer dans le cabanon d'un ami, Masson, Meursault s'y rend avec Marie. Après le repas, les hommes se promènent sur la plage et rencontrent deux Arabes, dont le frère de la maîtresse de Raymond. Ils se battent et Raymond est blessé. De retour au cabanon, Meursault le tempère et lui prend son revolver, pour lui éviter de tuer. Reparti seul sur la plage, il retrouve par hasard le frère, qui sort un couteau. Assommé par le poids du soleil, il se crispe sur le revolver et le coup part tout seul; mais Meursault tire quatre autres coups sur le corps inerte.

Meursault est emprisonné. L'instruction va durer onze mois. Il ne manifeste aucun regret lorsqu'il est interrogé par le juge, aucune peine lorsque son avocat l'interroge sur les sentiments qui le liaient à sa mère. Le souvenir, le sommeil et la lecture d'un vieux morceau de journal lui permettent de s'habituer à sa condition. Les visites de Marie s'espacent.

Le procès débute avec l'été. L'interrogatoire des témoins par le procureur montre que Meursault n'a pas pleuré à l'enterrement de sa mère, qu'il s'est amusé avec Marie dès le lendemain et qu'il a fait un témoignage de complaisance en faveur de Raymond, qui s'avère être un souteneur. Les témoignages favorables de Masson et Salamano sont à peine écoutés. Le procureur plaide le crime crapuleux, exécuté par un homme au coeur de criminel et insensible, et réclame la tête de l'accusé. L'avocat plaide la provocation et vante les qualités morales de Meursault, mais celui-ci n'écoute plus. Le président, après une longue attente, annonce la condamnation à mort de l'accusé.

Dans sa cellule, Meursault pense à son exécution, à son pourvoi et à Marie, qui ne lui écrit plus. L'aumonier lui rend visite, malgré son refus de le rencontrer. Meursault est furieux contre ses paroles, réagit violemment et l'insulte. Après son départ, il se calme, réalise qu'il est heureux et espère, pour se sentir moins seul, que son exécution se déroulera devant une foule nombreuse et hostile. 
http://www.alalettre.com/camus-intro.htm

Camus sur l’existentialisme
"L'existentialisme, chez nous, aboutit à une théologie sans Dieu et à une scolastique dont il était inévitable qu'elles finissent par justifier des régimes d'inquisition." "Si les prémisses de l'existentialisme se trouvent, comme je le crois, chez Pascal, Nietzsche, Kiekegaard, ou Chestov, alors je suis d'accord avec elles. Si ses conclusions sont celles de nos existentialistes, je ne suis pas d'accord, car elles sont contradictoires aux prémisses." Voir ce qui concerne Kierkegaard dans l'aide: "Avoir une histoire, est-ce le privilège de l'humanité?"