Les Femmes
savantes
L'HISTOIRE
Dans la maison du <<bon bourgeois>>
Chrysale, ses deux filles se querellent au sujet du mariage. Armande, convertie
à la philosophie et à l'élévation de
l'esprit par sa <<savante>> mère, s'offusque que sa jeune soeur
Henriette l'ait supplantée dans le coeur de Clitandre. Elle fera tout pour
empêcher cette union. La mère, Philaminthe, s'oppose également à cet amour.
Elle projette plutôt de marier la cadette à Trissotin, un soi-disant bel
esprit qui achèvera, croit-elle, de faire de cette récalcitrante, une femme
savante. Seul le père souscrit au mariage d'Henriette et de Clitandre, mais
l'autoritarisme de sa femme le paralyse. Qui l'emportera ? Le mariage d'amour
ou la raison trompée ?
Tout
va bien : une famille complète sans veuvage ni remariage, deux filles, une
maisonnée prospère. Et c'est l'enfer d'un couple mal assorti. Frustration égale
de chaque côté : père sans autorité, mère sans liberté, filles rivales, la
guerre, avec l'insoutenable dépendance qui lie les adversaires. Philaminte se
jette dans le bel esprit comme d'autres en dévotion, adoptant le premier
gourou venu pourvu qu'il représente ce bel esprit ; Henriette rebondit comme
une balle, enjeu de la bagarre entre les parents. Familles, je vous hais ?
Pas si simple : elles sont touchantes, estimables et ridicules, les trois
femmes savantes, avec leur intelligence, leur ambition, leurs sentiments
dévoyés. Pitoyable, leur académie universelle réduite à une mère tyrannique,
une belle-soeur suiviste et fofolle et une fille qui s'est monté la tête.
Même leurs idoles, les petits escrocs du savoir, gardent la trace d'un espoir
déçu, l'amertume d'un talent perdu. Rien à faire : Molière ne sait faire que
des personnages complexes, sauvables. Inversement, le bon Clitandre, homme de
cour, sorte d'énarque refusant avec
mépris des subventions aux plumitifs: est-il si bon ? Le ridicule ne tue pas,
le rire étrille, écorche même, jusqu'à la vérité. C'est toujours ça.
Ce qui m'a frappé, de prime abord, c'est l'actualité de la pièce.
L'auteur par le procédé de la satire traite des thèmes contemporains et quasi
quotidiens. En effet, qui de nos jours n'a pas été confronté à la jalousie
d'autrui, l'hypocrisie, la méchanceté?
Henriette, pour faire triompher son amour pour Clitandre doit déjouer la
jalousie de sa soeur, la folie de sa tante. Elle doit s'opposer aux desseins
de sa mère, de Trissotin et surtout, rassurer son père et faire en sorte
qu'il ne cède pas aux exigences de son épouse. En cela, elle est aidée par
son oncle, qui souhaite faire réagir son frère Ariste face à la tyrannie de
sa conjointe. L'épouse, femme de lettres (et de caractère!) refuse d'unir
Henriette à Clitandre. Son projet est de marier Henriette à Trissotin,
artiste piagiste et prétentieux, mais dont les vers enflamment les femmes
savantes, exceptée Henriette qui n'a que faire de la nourriture de l'âme.
L'épilogue révèle le caractère machiavélique et cupide de Trissotin qui
n'aspire par l'union qu'on lui offre qu'à la fortune. L'amour sincère entre
Henriette et Clitandre l'emporte grâce notamment à Ariste qui affronte sa
femme, et, pour la première fois, fait prévaloir sa décision. Armande est
humiliée, elle essuie un véritable refus de la part de Clitandre, tandis que
sa mère est publiquement apostrophée par sa servante. De plus, son propre
époux ose la contredire, elle se sent défaillir, son honneur est mis à rude
épreuve. C'est un véritable moment de détente qui m'a été offert. L'humour
caustique est omniprésent, ce qui rend la pièce d'autant plus distrayante.
Gwenaelle Gwenaelle
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