Notes sur le cours du mardi, 28 août,
2007
Nous avons commencé par reconnaître que la littérature française du vingtième siècle est abondante, et que, par conséquent, nous aurons du mal à considérer d’une façon satisfaisante ce qui a été publié en France, même en survolant rapidement ce qui figure sur la liste des auteurs du XXe siècle. C’est pour cette raison que j’ai pris la décision de
choisir une approche thématique, en l’occurrence, celle de l’existentialisme.
J’ai fait remarquer que les essais, les textes
philosophiques dans lesquels l’auteur propose surtout des idées trouvent légitimement
leur place, en France, dans un cours qui porte sur ‘la littérature’.
Nous commençons par Descartes et Pascal, quoiqu’ils
soient des auteurs du 17e siècle et ne sont pas des existentialistes. Mais tous les deux influencent tous les
prosateurs ultérieurs d’une façon presque déterminante, d’une part, et
prévoient, en quelque sorte, les points de départ philosophiques pour Camus,
Sartre, et bien d’autres écrivains dans la tradition française, d'autre part.
Ce qu’on convient
d’appeler ‘existentialisme’ a ses origines, toutefois, non pas en France mais
plutôt au Danemark et en Allemagne. Søren Kirkegaard, ‘le grand
danois’, est l’auteur le plus souvent cité comme le père de
l’existentialisme; Husserl et Heidegger, de la génération suivante,
développent ses idées principales, en y ajoutant les leurs. Et voilà ce qui
suffit pour avoir l’existentialisme en France.
Pour reprendre un peu Descartes, ce mathématicien et homme de science
commence par expliquer ce qu’il s’est donné comme tâche. Il vit, tout comme
son contemporain, Pascal, mathématicien et homme de science lui aussi, à une
époque où l’autorité ecclésiastique et la foi chrétienne en générale sont de
plus en plus mises en cause. Les
‘libertins” nie les vérités révélées par la foi de plus en plus publiquement.
Par conséquent, on émet des doutes de la religion traditionnelle. De façon générale, on ne peut pas supposer
que tout le monde est croyant. Rappelez-vous que c’est tout récemment qu’il y
a eu le mouvement protestant et la Réforme. Avec l’effritement de l’autorité
spirituelle vis-à-vis du grand public, que va devenir la moralité? Est-ce que
les moeurs vont subir une dégradation parallèle?
Il n’y a pas que l’Église qui se sent menacée. L’autorité des Anciens est mise en cause.
Aristote n’est pas l’autorité suprême pour les questions concernant la
métaphysique et la physique. On fait appel de plus en plus aux expériences scientifiques
pour régler les désaccords.
De façon générale, Descartes voit tout autour de lui,
des sceptiques. Le scepticisme menace
les fondements mêmes des sciences et de la religion et de la morale.
C’est peut-être semblable à situation qui existait 500
ans avant Jésus-Christ à Athènes. (Il y a, sans doute, à toutes les époques,
des sceptiques.) Les ‘sophistes’ donnaient des leçons de philosophie aux
jeunes Grecs. Les sceptiques
mettaient en question presque tout. La majorité des sophistes étaient
considérés des sceptiques. Souvent ils attaquaient la religion, les devoirs
familiaux. Les sens vous induisent en erreur. Le bâton droit n’a plus l’air droit une fois mis dans un verre
d’eau. La mémoire et l’imagination induisent en erreur. On pense avoir fait
quelque chose qui, en fin de compte, a été rêvé. Les plus habiles savaient l’art de persuader. C’était ce qu’ils
faisaient avec une efficacité presque professionnelles. (Pensez aux avocats
et comment vous les voyez dans notre société actuelle!) Ils étaient accusés d’être beaux
parleurs. Il adorait le débat et la
persuasion (c’est-à-dire, la rhétorique) même plus que les idées et les
valeurs dont on parlait. On les accusait de ne pas respecter la vérité. Ils
étaient des sophistes (ils savaient pas mal de choses) et non pas des
philosophes (qui aiment le savoir). Ils étaient mal vus par le grand public,
qui craignait l’influence des sophistes sur les jeunes gens qui les
écoutaient et les suivaient un peu partout.
Ce qui est arrivé à Socrate se comprend dans ce
contexte. Il fallait faire de lui –
si célèbre, si convainquant – un exemple. Dans la mesure où Socrate philosophait comme un sophiste (quelqu’un
qui avait beaucoup de savoir), il faillait le faire taire.
On le poursuit en justice; on le condamne; on lui donne
la sentence de mort.
A l’époque de Descartes, on voulait faire taire ceux
qui empoisonnaient l’esprit et la foi. Le doute de l’Église est devenu
dorénavant permis. Le doute s’imposait aussi dans les sciences, quoique pour
des raisons différentes.
La tâche de Descartes, celle qu’il s’est proposé,
c’était de réduire au silence les sceptiques, non pas avec l’appui de
l’autorité ecclésiastique, mais en utilisant l’art de persuader, en prouvant,
incontestablement, des vérités désormais hors de doute.
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