Les règles générales du français gouvernant l’instabilité du e [ə]


(>http://perso.wanadoo.fr/theatre.en.cours/textes/LE_MOT_PHONOLOGIQUE.html)

(a) Chute du e final [ə] : e tombe à la fin du mot phonologique, quelle que soit la nature de l’élément suivant. (nationalité américaine)

(b) Elision : e tombe à l’intérieur du mot phonologique s’il est suivi d’une voyelle (bonne idée).

(c) Loi des trois consonnes : e tombe à l’intérieur du mot phonologique s’il est précédé et suivi de consonnes et si sa chute ne produit pas une suite de trois consonnes ou plus (samedi). (facultatif )


La diction poétique (>http://fr.encarta.msn.com/text_761566707__1/versification.html)

Le compte des syllabes et le e muet, caduc, instable [ə]

La principale différence entre la syllabe du langage ordinaire et celle du vers régulier tient au statut du e instable. C'est un son qui a disparu au cours de l'évolution du français et dans le langage courant il ne reste prononcé que lorsqu'il suit deux consonnes et qu'il en précède une autre en même temps (loi des trois consonnes). La diction poétique ne suit pas cette règle. Ainsi le vers suivant ne se prononce-t-il pas en dix, mais en douze syllabes :

Et les Muse[ə]s de moi, comme étrange[ə]s s'enfuient (du Bellay).

Muses compte pour deux syllabes et étranges pour trois : les e instables sont ici prononcés.

En revanche, en fin de vers le e instable ne forme pas une syllabe (enfuient). Avant le XVIe siècle, on ne comptait pas non plus le e à la césure (césure épique). Depuis, la règle générale exclut à la césure l'emploi d'un e instable. Au sein du vers, le e instable ne forme pas de syllabe quand il permet une liaison avec une voyelle qui suit immédiatement (comme étranges…), mais il en forme une quand il est suivi d'une consonne (les Muses de moi) ou que la liaison est impossible à cause d'un h disjonctif. La consonne peut être une consonne de liaison :

Faut-il que tous mes soins me rendent[ə t] importune ? (Racine).

Le cas du e instable précédé d'une voyelle est à part. Avant l'époque de Malherbe, il formait une syllabe au sein du vers. C'est pourquoi ce vers comporte dix syllabes :

Je suis ton cœur, aie[ə] pitié de moi (Marot).

Après Malherbe, le e précédé d'une voyelle ne compte plus, comme c'est le cas dans ce vers :

Cette nuit je l'ai vue[ə] arriver en ces lieux (Racine).