"Prince des poètes", Ronsard a pratiqué toutes les formes de poésie, jusqu'à incarner la figure archétypale du poète de la Renaissance. Né en 1524, promis à devenir courtisan, Ronsard est atteint d'une surdité qui l'oblige à abandonner la carrière des armes et de la diplomatie. Il reçoit les ordres mineurs et se consacre aux lettres. Le collège de Navarre, la fréquentation de Lazare de Baïf et les cours de Dorat au Collège de Coqueret décident de sa vocation. En 1550, il publie les Quatre premiers livres des Odes qui contribuent à l'installer comme le chef de file de sa génération. Il y offre un modèle de poésie "haute", inspirée par les dieux, placée sous l'invocation de Pindare, d'Horace et d'Anacréon. Puis en 1552, donne l'Ode à Michel de l'Hospital (Cinquième Livre des Odes) pénétrée de sa conception de la "fureur poétique" qui installe la poésie face au monde comme révélation orphique, habitant le poète et le dépassant lui-même. On y atteint l'ineffable, le sacré du verbe, son énigme et son obliquité.
Avec Les Amours, Ronsard rivalise avec Pétrarque et publie son canzoniere. Le recueil gravite, dès 1552, autour de l'image de Cassandre, puis avec ses Continuations autour de celles de Marie (1555) et plus tard d'Hélène (1578). En 1555-1556, il donne les Hymnes, modèle de poésie philosophique qui réclame "style à part, sens à part, oeuvre à part".
Aumônier ordinaire du roi en 1559, il devient le poète officiel de la cour où il écrit Elégies, Mascarades et Bergeries. Ronsard, comblé de bénéfices ecclésiastiques, se tourne alors vers une poésie mondaine et dès 1562 avec Discours sur les misères de ce temps et Remonstrance au peuple de France vers une poésie catholique "engagée", dont se souviendra plus tard Agrippa d'Aubigné. Il achève ce parcours glorieux avec une épopée, une "Enéideà la française" : La Franciade (1572), avant que sous Henri III, Desportes le détrône.
Ronsard reviendra de nombreuses fois sur son oeuvre, apportant à l'organisation de ses recueils le plus grand soin, y introduisant des échos, relativisant ses modèles et faisant en même temps rayonner son image, celle de ce "poète futur" qu'appelait La Pléiade. |