Blaise pascal   Blaise Pascal (1623-1662)

Blaise Pascal, marqué par la mort prématurée de sa mère, a été élevé aux côtés de ses deux soeurs : c'est un enfant surdoué, de santé très fragile mais d'une précocité étonnante, d'une grande curiosité et d'une intelligence hors du commun. Il est d'abord un jeune savant connu pour ses travaux mathématiques et physiques, et publie à 17 ans un traité de géométrie, Essai sur les coniques (1640). Il est également l'inventeur de la machine à calculer, de la montre bracelet ou de la presse hydraulique. Son expérience religieuse de la nuit du 23 novembre 1654 (relatée dans son Mémorial) va le conduire à s'engager aux côtés des jansénistes et infléchir son oeuvre.

À la demande du janséniste Antoine Arnauld, Pascal jette toute la force de son esprit et de sa rhétorique dans cette bataille, utilisant le genre de la lettre, alors à la mode dans la polémique religieuse : Les Provinciales (janvier 1656-1657) regroupent 18 lettres publiées au jour le jour sur les subtilités théologiques et morales alors en débat. Ces lettres sont l'un des premiers chefs-d'oeuvre de la prose française classique. Une grande rigueur argumentative y est soutenue par une rhétorique de la sincérité et du naturel ("la vraie éloquence se moque de l'éloquence"), dont la clarté est le premier impératif, ainsi que le refus du pédantisme (artifices oratoires, citations, spécialisation du discours). Pascal y fait également preuve de beaucoup de drôlerie et d'ironie ainsi que d'un talent dramatique certain dans de nombreux dialogues pleins d'esprit et de complicité ironique.

Le chef-d'oeuvre de Pascal est un livre inachevé, inclassable, unique ("les papiers d'un mort", Le Guern). Les Pensées sont les plans et fragments d'un ample projet apologétique dont la rédaction a sans doute été entreprise dès 1656, mais dont la mort a empêché l'achèvement : 800 à 900 feuillets ou fragments de papier manuscrits, classés en 27 liasses, contenant parfois des notes très brèves, parfois des développements de plusieurs pages. Ces textes, sélectionnés, revus et corrigés, font l'objet d'une première publication (posthume) en 1670 par les "Messieurs de Port Royal". Le propos de l'écrivain est de faire une "Apologie de la religion chrétienne", mais sa description de la "Misère de l'homme sans Dieu" demeure aujourd'hui encore l'une des descriptions les plus abouties et les plus poignantes de la condition des hommes, notamment de la manière dont, incapables de supporter une réflexion lucide sur leur néant, ils préfèrent perdre leur vie dans des divertissements, futiles ou élevés. De tout cela, Pascal parle, là encore, avec simplicité et naturel, dans une prose poétique, rythmée, qui recourt à une grande diversité de registres, et s'appuie sur des antithèses et des comparaisons précises et souvent nouvelles, importées du domaine scientifique par exemple.


source : http://gallica.bnf.fr/ | Voir aussi : Blaise Pascal