marguerite de Navarre Marguerite de Navarre (1492-1549)


Soeur de François Ier, épouse du duc d'Alençon (1509), puis du roi de Navarre (1527), Marguerite joue un rôle capital au cours de la première partie du siècle. Proche de son frère sur lequel elle exerce une influence profonde, notamment diplomatique, elle est ouverte aux idées nouvelles et réunit autour d'elle tant à la cour de France qu'à Nérac, un cercle d'humanistes et d'écrivains. Dès 1518, elle est gagnée à l'évangélisme de l'évêque de Meaux, Guillaume Briçonnet, avec lequel elle entretient une importante correspondance. Mystique, elle est profondément marquée par le sentiment du néant de l'homme et met son salut dans la figure du Christ rédempteur et dans l'amour de Dieu qu'elle teinte de néoplatonisme. Par la suite, Marguerite interviendra souvent pour défendre les écrivains suspects aux yeux des autorités religieuses tels : Clément Marot, Étienne Dolet et Bonaventure des Périers.

Après le Dialogue en forme de vision nocturne (1525) et des oeuvres théâtrales, elle donne, en 1531, son poème : Miroir de l'âme pêcheresse, qui sera attaqué par la Sorbonne lors de sa réédition en 1533, et nécessitera l'intervention de François Ier. Le livre est empreint des idées évangélistes qui font de la foi et de la charité les voies du salut. Il sera suivi par de nombreux autres poèmes dont les Chansons spirituelles où Marguerite de Navarre utilise la structure poétique de chansons profanes en leur substituant des textes religieux. Après l'affaire des Placards (1534), Marguerite se retire à Nérac et réunit ses oeuvres dans les Marguerites de la Marguerite des princesses (1547). Reste qu'une partie importante de ses textes restera inédite jusqu'à l'édition d'Abel Lefranc (1896).

Dès 1542, Marguerite compose l'Heptaméron. Il a pour modèle les dix journées du Décaméron de Boccace, texte traduit en France en 1414 et qui le sera à nouveau en 1545, par François le Maçon. Mais, interrompu en 1549 par la mort de Marguerite en 1549, l'Heptaméron ne rassemble que 72 nouvelles se déroulant en sept journées. Il paraîtra quelque peu retouché par Claude Gruget en 1559, avant que le texte original ne soit restitué en 1853. Comme dans le Décaméron de Boccace, les nouvelles s'inscrivent dans une histoire-cadre (la cornice italienne). Dix voyageurs sont réunis dans une abbaye, alors qu'un violent orage a coupé toute communication. Pour passer le temps, cette société écoute des histoires "vraies" dans des registres divers. La réussite de cet ouvrage tient au fait qu'il privilégie aussi la conversation, le "devis", car chaque nouvelle est suivie des commentaires tenus par l'ensemble des auditeurs.

source : http://gallica.bnf.fr/