La Tragi-comédie |
"Entre 1625 et 1660, la tragi-comédie domine incontestablement le théâtre. Son esthétique de la bigarrure, son jeu sur l’illusion et le provisoire, ses intrigues enchevêtrées et ses excès reflètent l’exubérance baroque. Ces pièces au dénouement heureux et à la mise en scène spectaculaire (voyages, combats, naufrages) racontent une série de péripéties qui peuvent s’étaler dans le temps (de quelques jours à plusieurs décennies). C’est une accumulation de situations sans unité structurelle forte, l’action s’arrêtant quand l'auteur le décide et non selon une logique narrative. La démesure imprègne le genre : érotisme, cruauté (meurtres, viols, tortures, suicides, qui se déroulent sur scène et non en coulisse), faux semblants (déguisements, folie, méprises, morts factices), aventures échevelées et amours contrariés. Les personnages sont alors typés (amants, rivaux, pères hostiles, tyrans cruels). La diversité est le maître-mot de cet univers. Autre caractéristique de la tragi-comédie : son mélange des tons, réunissant comédie et drame, langages noble et commun, rois et paysans. Ces particularités ont été théorisées dans la préface de Tyr et Sidon de Schélandre, rédigée par Ogier et devenue le manifeste de "l’irrégularité". Celui-ci y refuse les règles alors en train de s’affirmer et célèbre la "variété des événements" représentés. Alexandre Hardy est le premier dramaturge à marquer ce genre. Il impose des sujets mythologiques, le romanesque et la morale édifiante (La Force du sang, 1625). En 1632, Clitandre de Pierre Corneille introduit l’unité de temps, première étape d’une normalisation de la luxuriance baroque. Le Cid, tragi-comédie du même Corneille (1637) favorise le succès de la tragédie malgré le procès qu’on lui fit à l’époque. La tragi-comédie connaît un regain après la Fronde, avec Quinault et Thomas Corneille (son Timocrate sera le plus grand succès du temps). Sous l’appellation de tragédie galante ou tragédie romanesque, c’est une adaptation au goût du jour de ce que fut la tragi-comédie. Les histoires en sont compliquées, l’action primordiale, les personnages univoques, les règles respectées. Après 1660, elle décline au profit d’une part de la tragédie et de la comédie, d’autre part de l’opéra et des pièces à machines." Texte extrait de : http://gallica.bnf.fr/themes/LitXVIIz4.htm |
source: http://etablissements.ac-amiens.fr/0601178e/anatolude/Cid/index.htm |