Cours le lundi 26 février -- le théâtre et la littérature au 17e siècle |
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le spectacle : la salle et la scène |
Le parterre était réservé aux hommes, qui s'y tenaient debout. Ce public était fort turbulent. Pour le public élégant, il y avait des galleries er des loges. |
La scène était toute petite; elle était éclairée par des chandelles fixées au mur, puis par des lustres. De chaque côté de la scène, il y avait des sièges réservés aux spectateurs de marque. |
Sous le règne de Louis XIV, le théâtre est avant tout un divertissement royal, un plaisir, mais non pas, une jouissance purement intellectuelle. À Versailles, on voit les pièces de Corneille, Racine et Molière, parmi d'autres. |
les comédiens et l'Église |
L'Èglise frappe d'excommunication les comédiens (acteurs et auteurs). Les jansénistes, en particulier, condamnent le théâtre en lui-même. «Tous les grands divertissements sont dangereux pour la vie chrétienne; mais, entre tous ceux que le monde a inventés, il n'y en a point qui soit plus à craindre que la comédie.» (Blaise Pascal) |
la tragi-comédie |
La tragi-comédie n'est pas, malgré son nom, un mélange de tragédie et de comédie. C'est une tragédie qui finit bien; c'est surtout une tragédie romanesque : l'amour y tient une grande place. |
formation de la tragédie classique |
Au début du siècle et avant le Cid de Corneille, on assiste à une floraison de tragédies qui marquent une réaction contre la tendance tragi-comique : l'Hercule mourant de Rotrou (1633), la Sophonisbe de Mairet (1634), la Mort de Mithridate de La Calprenade. |
retour aux règles |
Les règles comprennent avant tout les trois unités, d'action, de temps et de lieu. L'intérêt doit porter sur une seule intrigue, dépouillée de tout épisode secondaire. L'action doit se dérouler en un jour. Elle doit avoir un seul lieu. |
L'unité d'action entraîne l'unité de ton : on exclura donc tout mélange de genres; et donc, surtout pas d'intermèdes comiques dans la tragédie! |
La tragédie doit respecter les bienséances; puisque l'on met en scène des héros, des rois, la tragédie doit être empreinte de dignité, de noblesse. Pas de réalisme vulgaire, pas de mots crus ou familiers. On estime qu'il est contraire aux bienséances de représenter sur le théâtre combats, duels ou suicides. On ne se mouche pas, ne crache pas, ne se gratte pas, etc. |
La tragédie devrait avoir un but moral. Il ne faut pas faire l'éloge de l 'immoralité. Au contraire, il s'agit, en auteur responsable, de corriger les vices et les passions violentes. Il vaut mieux que l'ouvrage soit vraisemble. Ce qui ne semble pas vrai ne touchera pas l'assistance (le public) au spectacle. C'est la règle de la vraisemblance. |
Certains théoriciens vont plus loin avec les règles. Pour eux, par exemple, l'action devrait durer non pas vingt-quatre heures, mais du lever du soleil au coucher. |
Les récits sont nombreux dans la tragédie classique; c'est une conséquence de l'unité de lieu (on ne peut pas transporter le spectateur dans un autre endroit.) et des bienséances (on ne doit pas voir le sang sur la scène.) On raconte, par conséquent, ce que l'on ne peut montrer. |
Pour la tragédie classique, l'unité de l'oeuvre est d'une importance capitale. Il faut que les parties de l'oeuvre forment un tout. |
L'Académie et la langue française |
Le cardinal de Richelieu fonde l'Académie française en 1635. Cette société de gens de lettres a pour tâche officielle de «nettoyer la langue des ordures qu'elle a contractées, [...] de travailler à lui donner des règles certaines et à la rendre pure. » |
Au 17e siècle, on recherche l'ordre, la discipline, la clarté, la raison. Boileau écrit dans son Art poétique, |
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Selon que notre ídée est plus ou moins obscure, |
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L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure. |
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Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, |
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Et les mots pour le dire arrivent aisément. |
La raison |
L'écrivain doit écrire avec clarté. C'est la raison que l'écrivain devrait adopter comme guide, plutôt que l'imagination ou le sentiment. Il s'efforcera de rechercher la beauté. |
la nature humaine |
Comme l’affirme Blaise Pascal, « le moi est haïssable ». Ce que l'artiste doit présenter, c'est la nature humaine, que l'on croit être universelle. |
la préciosité et le raffinement des moeurs et du langage |
Il s'agit surtout d'une réaction contre le langage et les manières peu raffinés ou même crus. Molière se moquera de ce mouvement dans une comédie intitulée, Les précieuses ridicules. 'Le balai' est remplacé, par exemple, par 'l'instrument de la propreté'; 'les dents' par 'l'ameublement de la bouche'. On y décèle une certaine créativité et une attitude ludique ('playful') vis-à-vis de la langue. |
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