La Chanson de Roland
La Chanson de Roland est célèbre dès le Moyen Âge : il en existe plusieurs versions, ainsi que des remaniements datant de diverses époques. Elle est également le modèle de nombreuses chansons plus tardives. La première édition du texte le plus archaïque, resté longtemps inconnu, ne date toutefois que de 1837. Ce texte se compose de 4002 décasyllabes regroupés en 291 laisses inégales. Il est signé au dernier vers ("Ci fait la geste que Turoldus declinet") par un certain Turold dont on ignore s'il s'agit de l'auteur, d'un copiste, d'un jongleur, voire d'une simple source.
Le récit, inspiré par un référent historique, la bataille de Roncevaux (778), est savamment composé en deux fois deux parties : la mort de Roland (la trahison, la bataille) et la vengeance de l'Empereur (le châtiment des païens, le châtiment de Ganelon), encadrées par une exposition et une double conclusion. L'unité de l'ensemble est renforcée par de nombreux parallélismes, contrastes et échos. Certains passages pourtant très sobres possèdent une grande intensité dramatique et sont restés justement célèbres (la mort de la belle Aude ou celle de Roland).
Comme toutes les chansons de geste, la Chanson de Roland comporte une forte charge idéologique, mais c'est également une peinture assez fine des tensions internes de la société féodale (entres vassaux et suzerain, entre l'ambition personnelle et le dévouement), ainsi qu'un drame humain : en dépit du caractère un peu stylisé des personnages, la subtilité des caractères explique et implique le déroulement inéluctable des événements. |