Plan de « L'Existentialisme est un humanisme » Jean-Paul Sartre

 

I. Intro : défendre l'existentialisme contre des reproches qu'on lui a adressés.

A. un quiétisme du désespoir

B. l'action dans ce monde est totalement impossible

1. une philosophie contemplative

2. une philosophie bourgeoise

C. mise en relief de l'ignominie humaine, du sordide, du louche, du visqueux

D. négligence de la beauté

E. isolement de l’individu ; aucune solidarité humaine

F. subjectivité pure (c'est-à-dire, le « je pense » cartésien)

G. négation de la réalité et le sérieux des entreprises humaines

H. suppression des commandements de Dieu et les valeurs dites éternelles

 

II. Thèse : L'existentialisme est un humanisme.

A. définition préliminaire de l’existentialisme – doctrine qui . . .

1.     rend la vie humaine possible

2.     déclare que toute vérité et toute action impliquent un milieu et une subjectivité humaine. Il est impossible pour l’homme de dépasser la subjectivité humaine.

B. deux espèces d'existentialistes

1.     chrétiens, dont Jaspers et Gabriel Marcel

2.     athées parmi lesquels il faut ranger Heidegger et les existentialistes français

3.     élément en commun : l'existence précède l'essence, ou, il faut partir de la subjectivité.

 

III. Développement

A. l’essence et l’existence

1.     exemple du coupe-papier.  Il y a d’abord le concept, et son existence vient seulement ensuite, grâce à l’artisan.

2.     De même, la nature humaine ou notre essence précède l’existence humaine, grâce à un Dieu-artisan -- si Dieu existe.

3.     Or, Dieu n’existe pas. Il n’y a donc pas de nature humaine, pas d’essence à laquelle l’homme correspond.

4.     Puisque l’homme existe d’abord, il crée lui-même sa propre essence , il se crée, il se fait, par ses actes après avoir été (pro)jeté dans le monde.

5.     Puisque l’homme se crée, librement, l’homme assume une responsabilité énorme à laquelle il ne peut échapper que par la mauvaise foi. (manque de sincérité, d’honnêteté).

B. Mise au point du vocabulaire existentialiste susceptible de malentendu

1.     ‘angoisse’ = sentiment de sa totale et profonde responsabilité (cette angoisse que Kierkegaard appelait l'angoisse d'Abraham) chaque homme doit se dire : suis-je bien celui qui a le droit d'agir de telle sorte que l'humanité se règle sur mes actes? Et s'il ne se dit pas cela, c'est qu'il se masque l'angoisse. C’est l’appréhension directe de la responsabilité totale de l’existence individuelle et collective.

2.     ‘délaissement’ = (expression chère à Heidegger) Dieu n'existe pas.  L'existentialiste pense qu'il est très gênant que Dieu n'existe pas.  L'homme est condamné à être libre. Il est (essentiellement) libre, et ne peut pas choisir de ne pas être libre. Il est sans aide ; il se débrouille sans Dieu ; pourtant, il est responsable de ses choix et de ses actes totalement. L’homme est donc abandonné, délaissé.

3.     ‘désespoir’ =  Il n’y a rien qui nous rassure sur le succès de nos projets et de nos actes à part les autres. Nous nous bornerons à compter sur ce qui dépend de notre volonté, ou sur l'ensemble des probabilités qui rendent notre action possible.

4.     ‘quiétisme’ = les autres peuvent faire ce que je ne peux pas faire. L’existentialisme, à l'opposé du quiétisme, déclare : il n'y a de réalité que dans l'action. L'homme n'est rien d'autre que son projet, il n'existe que dans la mesure où il se réalise, il n'est donc rien d'autre que l'ensemble de ses actes, rien d'autre que sa vie.

C. Réponses aux reproches faits contre l’existentialisme

1.     pessimisme  l’existentialisme offre une dureté optimiste. L’homme est libre au lieu d’être en proie au déterminisme organique ou psychologique.

2.     quiétisme – Au contraire, l’existentialisme définit l'homme par l'action. Il tient le destin de l'homme est en lui-même.  Loin de décourager l'homme d'agir, l’'acte, c’est la seule chose qui permet à l'homme de vivre. Par conséquent, sur ce plan, nous avons affaire à une morale d'action et d'engagement.

3.     subjectivité individuelle

a) Notre point de départ est en effet la subjectivité de l'individu. Il ne peut pas y avoir de vérité autre, au point de départ, que celle-ci : je pense donc je suis, c'est là la vérité absolue de la conscience s'atteignant elle-même. (Voilà donc pour ‘individuelle’)

b) C’est la subjectivité qui donne une dignité à l'homme, c'est la seule qui n'en fasse pas un objet. Tout matérialisme a pour effet de traiter tous les hommes, y compris soi-même, comme des objets. (Voilà donc pour ‘subjectivité.)

c) Mais la subjectivité que nous atteignons là à titre de vérité n'est pas une subjectivité rigoureusement individuelle, car nous avons démontré que dans le cogito, on ne se découvrait pas seulement soi-même, mais aussi les autres.

d) trois autres objections et les réponses

i) on peut faire n’importe quoi

ii) on ne peut pas juger les autres

iii) la liberté n’a aucune importance puisque toutes les valeurs se valent et tous les choix se valent aussi.

D. Réaffirmation de la thèse : L'existentialisme est un humanisme.

1.     humanisme – première acception : L'homme est la fin et comme valeur supérieure. Comment porter un jugement sur l’homme quand il n’y a que des hommes qui puissent le faire ?  L’existentialisme ne prendrait jamais l’homme comme fin, car l’homme n’est jamais fini.

2.     humanisme – deuxième acception : l'homme est constamment hors de lui-même ; il se projette.  Il se dépasse, et dans ce sens il est transcendant, mais dans un univers exclusivement humain. 

 

IV. Conclusion : Les reproches sont injustes.  L'existentialisme tire toutes les conséquences d'une position athée cohérente. Mais même si Dieu existait, ça ne changerait rien.