Portrait de Vautrin Tiré du Père Goriot d'Honoré de BALZAC

Vautrin - Le Père Goriot

Entre ces deux personnages et les autres, Vautrin, l'homme de quarante ans à favoris peints, servait de transition. Il était un de ces gens dont le peuple dit : «Voilà un fameux gaillard.» Il avait les épaules larges, le buste bien developpé, les muscles apparents, des mains épaisses, carrées et fortement marquées aux phalanges par des bouquets de poils touffus et d'un roux ardent. Sa figure, rayée par des rides prématurées, offrait des signes de dureté que démentaient ses manières souples et liantes. Sa voix de basse-taille, en harmonie avec sa grosse gaieté, ne déplaisait point. Il était obligeant et rieur. Si quelque serrure allait mal, il l'avait bientôt démontée, rafistolée, huilée, limée, remontée, en disant : «Ça me connaît.» Il connaissait tout d'ailleurs, les vaisseaux, la mer, la France, l'étranger, les affaires, les hommes, les événements, les lois, les hôtels, et les prisons.