un récit récent publié dans Le Nouvel Observateur édition numérique
[version astuces]

Léa, 15 ans : «Ils nous demandent de faire des attentats en France» Retrouvez le texte original du récit.
De longs cheveux qui entourent un visage pâle et de grands yeux noisette qui semblent en permanence chercher un point auquel se raccrocher. C'est une enfant, douce, frêle, fragile. Une ado de 15 ans choyée, bonne élève, qui a grandi dans une belle maison de province, au sein d'une famille française soudée, aisée et athée. A l'opposé de tous les clichés sur l'apprenti djihadiste. Et pourtant, en deux mois à peine, via internet, Léa s'est laissé entraîner dans les abîmes de l'islam radical.

Interceptée alors qu'elle (tenter) de s'enfuir vers la Syrie, elle est d'abord placée sous mesure éducative par un juge des enfants. […] Jusque-là, elle (rester) mutique. Elle (raconter finalement tout) il y a quelques jours lors d'une intervention du CPDSI, le Centre de Prévention contre les Dérives sectaires liées à l'Islam créé par l'anthropologue Dounia Bouzar[…]. Pour des raisons évidentes de sécurité, son prénom a été modifié. Le destin de Léa appartient désormais à la justice.
«Ils sont venus me parler sur Facebook»
Un jour où je ne (me sentir) pas très bien, (je laisser) sur ma page Facebook un message disant que (je aimer) pouvoir me faire pardonner toutes mes bêtises. Là, des gens (me ajouter) dans leurs amis et puis ils (venir) me parler. Ils (venir) tout seuls, très vite. Comme (je écrire) que je souhaitais devenir infirmière, ils m'ont dit que je (pouvoir) venir aider en Syrie, pour faire de l'humanitaire, et qu'il n'y (avoir) rien de mieux au monde que de se faire pardonner au Sham [le Levant, où se trouve la Syrie, NDLR].

Ils (me envoyer) des vidéos sur les enfants gazés par Bachar [al-Assad, NDLR], sur les mensonges des politiques, sur l'islamophobie... […] Ils disaient que je ne (devoir) pas obéir à mes parents, parce qu'eux n'obéissaient pas à Allah et qu'il ne fallait obéir qu'aux lois d'Allah sinon on (être) un mécréant, un ignorant, un infidèle... […]"

Petit à petit, je (me mettre) à ne plus parler à personne, ni à l'école ni à la maison, je restais dans ma chambre, volets fermés. Et je (me connecter). Ils (venir) encore plus nombreux quand (je prendre) un "blase" [pseudo, NDLR] musulman, ils (être) au moins cinquante, d'abord des hommes, après des femmes, de France, de Belgique, de Syrie... […]

[…] C'est très facile de trouver des passeurs. On les appelle ou on leur donne un numéro de téléphone sur internet. Ils (me expliquer) qu'il fallait d'abord que (je aller) en Turquie, que je (me marier) là-bas, puis que je (tomber) enceinte pour qu'on (pouvoir) m'emmener en Syrie avec l'enfant" […]

Le départ avorté en Syrie
[…] Mes parents me demandaient si (je changer), si (je renoncer) à mes idées, je leur disais que oui, mais en fait c'était de pire en pire. Sur internet, ils me disaient : «Dis-leur que tout va bien, que tu (arrêter) tout ça, que tu ne veux plus partir et que (ce être) des bêtises. Ils finiront par te lâcher et tu (être) tranquille.»