Marie de France Marie de France

Marie de France est la première femme écrivain française, mais on ne sait quasiment rien d'elle, si ce n'est ce qu'elle écrit elle-même dans l'épilogue de ses Fables : "Marie ai num, si sui de France" (J'ai pour nom Marie et je suis de France). Vivant probablement en Angleterre, liée à la cour d'Henri II Plantagenêt et d'Aliénor d'Aquitaine (ses Lais sont dédiés à un roi, sans doute Henri II), elle devait être originaire d'Île-de-France. Son oeuvre manifestant une grande culture, on la suppose abbesse d'un monastère (peut-être celle de Reading, demi-soeur illégitime d'Henri II). On a conservé d'elle trois oeuvres, d'inspiration assez différente.

Les Lais ou Contes (v. 1160-1175) sont un recueil de douze courts récits en octosyllabes à rimes plates, de dimensions variables (des 118 vers du Chèvrefeuille aux 1184 vers d'Eliaduc) qui sont aux romans bretons ce que les nouvelles seront plus tard aux romans. Marie dit avoir écrit et "assemblés" ses textes à partir de "lais bretons". Un seul de ces lais est à proprement parler arthurien, le Lai de Lanval. L'amour, le plus souvent en marge de la société (neuf des douze lais racontent des amours adultérines), est le sujet principal du recueil : le plus court mais peut-être le plus beau de ces textes, le Lai du chèvrefeuille, se rapporte ainsi à l'histoire de Tristan et Iseut . Plusieurs lais font intervenir le merveilleux, mais tous ont néanmoins le monde réel pour toile de fond.

Marie de France, avec un grand talent de conteur, ajoute une tonalité courtoise et poétique à la magie de la matière de Bretagne. Une discrète émotion se dégage de récits où l'auteur privilégie la pitié et la compassion pour ses personnages. Son style est d'une grande économie de moyens, caractérisé par la sobriété dans la composition du récit, un art très sûr de la mise en scène et l'efficacité d'une langue simple et limpide.

Outre les Lais, Marie de France est aussi l'auteur d'un recueil de Fables (entre 1167 et 1189) qui est la première adaptation en français des fables ésopiques connue, et L'espurgatoire de saint Patrice (ap. 1189), qui propose une évocation détaillée des souffrances du Purgatoire, et s'inscrit dans la tradition des voyages vers l'Au-delà.  

source : http://gallica.bnf.fr/