Charles d'Orléans Charles d'Orléans (1394-1465)


Dedans mon Livre de Pensée / J'ai trouvé écrivant mon coeur

La vraie histoire de douleur / De larmes toute enluminée

Charles d'Orléans est un prince "cru au jardin semé de fleurs de lys" au destin amer. Son frère, le roi Charles VI, sombre dans la folie avant même sa naissance. Son père, Louis d'Orléans, est assassiné sur l'ordre de Jean sans Peur en 1407 (il a treize ans), sa mère meurt en 1408, sa cousine et première épouse en 1409. Il commence à écrire vers 1410. Capturé à Azincourt, il reste prisonnier des anglais durant toute sa jeunesse, de 1415 à 1440. Libéré, il traverse une brève période d'action politique, puis se retire à Blois pour se consacrer à la poésie. De 1450 à 1455, il transcrit à la main le recueil de ses oeuvres et le complète, définissant ainsi l'organisation de son oeuvre poétique, qui recoupe son itinéraire sentimental et intellectuel.

Dès 1437, Charles d'Orléans s'écarte des thèmes courtois pour trouver une inspiration plus personnelle et célébrer le nonchaloir, l'insouciance mélancolique. Si le XVe est le siècle de la mélancolie, en effet, Charles d'Orléans, l'"écolier de Mélancolie" en est l'un des meilleurs représentants. Ses poèmes, marqués par son goût pour la réflexion et l'introspection ("Il n'est nul si beau passe-temps / Que se jouer à sa pensée"), composent le récit d'une expérience intérieure faite de conscience de soi et d'observation d'autrui, d'une méditation très actuelle sur la nature du moi, le passage du temps, la souffrance comme outil de connaissance ("L'eau de Pleur, de Joye ou de Douleur / Qui fait mouldre le moulin de Pensée").

Ses vers mêlent raffinement courtois et tracas quotidiens, confidence et pudeur, pathétique et ironie. L'émotion y est disciplinée par la rhétorique et tempérée par l'humour. Il faut également souligner l'élégance et la légèreté de ses pièces, qui laissent une impression de limpidité et de facilité. Il a surtout composé des poèmes courts, ballades et rondeaux, ainsi que quatre complaintes et deux dits narratifs. Sa forme de prédilection est le rondeau de 12 ou 15 vers, très proche par la forme et les thèmes du sonnet qui triomphera au siècle suivant.

 
source : http://gallica.bnf.fr/