André Gide est né en 1869 dans une famille de la haute bourgeoisie protestante . Son père est un brillant professeur à la faculté de droit de Paris, et sa mère, la fille d'un industriel rouennais du textile. André Gide est élevé dans une atmosphère puritaine. Petit garçon émotif et de santé fragile, il est sujet à des crises nerveuses répétées qui lui valent de nombreuses cures. André Gide est très affecté de perdre, à 11 ans, son père, cet être érudit et généreux qu'il admire. C'est son premier "Schaudern" ( "frissonner d'épouvante"). Il sera élevé au milieu de femmes, au premier rang desquelles : sa mère, Anna Schackleton, l'ancienne gouvernante de celle-ci, la bonne, ses tantes et ses trois cousines A treize ans, lors d'un séjour à Rouen, André Gide découvre sa cousine Madeleine (âgée de 16 ans) en pleurs et en prière du fait de l'inconduite conjugale de sa mère, la tante Mathilde. C'est son second Schaudern : "Je sentais que dans ce petit être, que déjà je chérissais, habitait une grande , une intolérable tristesse, un chagrin, tel que je n'aurais pas trop de tout mon amour, toute ma vie pour la guérir..." . Le jeune André Gide prend ainsi conscience du sentiment amoureux qu'il éprouve pour sa cousine.
Gide jeune Très tôt Gide fréquente des cercles littéraires, en particuliers celui des milieux symbolistes. Il publie alors , à compte d'auteur , Les Cahiers d'André Walter . Sa cousine, Madeleine, à qui il a offert le premier exemplaire, refuse le mariage. " Je protestai que je ne considérais pas son refus comme définitif, que j'acceptais d'attendre, que rien ne me ferait renoncer " . Gide, du petit garçon fragile qu'il était, est devenu une sorte d'esthète, de Narcisse, très influencé par la littérature contemporaine. Un voyage et un séjour en Tunisie (1893-1895) vont être déterminants : parti pour y soigner sa tuberculose, il y assume pour la première fois son homosexualité et en revient libéré de toutes contraintes. A son retour, peu après la mort de sa mère, en 1895, Gide épouse sa cousine Madeleine , pour qui il éprouve depuis l'âge de quinze ans, une profonde affection. Mariage blanc et qui le restera : "C'est le ciel que mon insatiable enfer épousait." Toute la vie de Gide est aimantée entre le ciel et l'enfer, entre la liberté et la contrainte morale, entre l'ange et le diable; il semble écartelé entre les extrêmes, déchiré entre les contradictions. Ainsi l'austérité de La Porte Etroite répond à l'Immoraliste (1902) et Saül (1903) est un écho aux Nourritures terrestres (1897). En 1909, Gide fonde la NRF avec Copeau et Schlumberger. Cette revue imposera peu à peu une école de la rigueur et du classicisme, avec des écrivains comme Gide lui-même, Proust, Alain-Fournier, Giraudoux, Martin du Gard, ou Valéry. Puis Gide rompt avec le catholicisme. Les Caves du Vatican (1914), dont le célèbre héros, Lafcadio, cherche à se libérer par un acte gratuit , en est un des élements tangibles. Paul Claudel est choqué par un "passage pédérastique" du livre. En 1919, Gide publie la Symphonie Pastorale. Puis de 1920 à 1925 Gide va connaître "une triple libération" : "libération du passé dans Si le grain ne meurt (1926), souvenirs d'enfance et de jeunesse, où il pousse la confession jusqu'à son point extrême; libération de la contrainte morale, dans le Corydon (1924), apologie ouverte de l'homosexualité; libération artistique aussi, la plus féconde, dans les Faux-Monnayeurs (1925)". Puis Gide s'engage contre le colonialisme après un voyage au Congo ( 1925-1926) ; en faveur de la paix ( il assiste au congrès mondial de la paix en 1932) , et enfin dans le communisme , qu'il abandonnera dans la douleur suite à un voyage décevant en URSS (1936). La mort de son épouse en 1938 l'amène à tirer un premier bilan de son existence. Il commence à publier son Journal (1889-1939) . Lors de l'occupation allemande, Gide séjournera sur le continent africain. Au retour de la guerre, il renoue avec un personnage qui le hante depuis longtemps : Thésée, l'aventurier auquel , il s'identifie, malgré ses apparentes allures de moraliste. En 1947, André Gide obtient le prix Nobel de littérature (sixième écrivain français à être couronné depuis 1901). Il adapte ensuite le Proçès de Kafka que Jean-Louis Barrault mettra en scène , en 1947, au Théâtre Marigny. André Gide est mort le 19 février 1951 d'une congestion pulmonaire. Il eut ces derniers mots mystérieux : " J'ai peur que mes phrases ne deviennent grammaticalement incorrectes. C'est toujours la lutte entre le raisonnable et ce qui ne l'est pas ..."
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